Cuba ?

Même si on ne regarde jamais Question pour un champion, si on évoque Cuba, les images déboulent à gros bouillon : les cocos, les missiles, Fidel, le Che, le rhum, les cubaines, les pirates, la Salsa, la révolution, Kennedy, Kroutchev, Gouaaaantaméra, les vieilles américaines (mais pas celles avec des varices et des cheveux roses qui voyagent en bus), la Havane, la baie des Cochons... les fans de Pivot ajouteront "Hemingway", les Monsieur Cinema "Fraise et chocolat" et les musicos "Buena Vista social club".

C'est comme ça, Cuba, même pour celui qui n'est jamais sorti de sa Cannebière, c'est toute une imagerie exubérante, chaude, excitante, pleine de fantasmes. Pas mal pour un ch'tit pays des Amériques, nan ?

Par contre, au niveau plongée, l'affaire est moins entendue. Les Caraïbes, ca ne traine pas le même aura que peut avoir la Mer Rouge ou les Maldives. Bien au contraire, si on va en Martinique, c'est rarement pour aller plonger, nan ? Je n'ai jamais vu la lueur gourmande de l'oeil de celui qui vient de tremper ses palmes dans l'ocean indien dans celui de ceux qui évoquent leurs plongées là bas.

Alors quand Robert a fait en septembre dernier "j'vas à Cuba, qui c'est qui veut viendre ?", j'ai fait 'ah bon ? y a de l'eau là bas ?'. Les diapos ne m'ont guère rassuré 'bin, ils sont où les poissons ?'. Et puis oh, quand même, les Caraibes, Cuba, un des derniers régimes coco, faut que j'aille voir ça de moi même !



Le voyage

Quelques mois après, notre voyage au soleil commence dans le noir car on s'est levé avant les aurores pour arriver à l'aéroport avant les 6 heures du mat. Nous sommes tous là, tout est prêt, empaqueté, on souffle, c'est l'excitation du départ, ce qui est oublié est oublié, trop tard pour revenir en arrière ! La combi, les palmes, le détendeur, le permis de conduire de Robert, les billets... woui woui. Hé attendez ! le permis de Robert ? Aaarg, nan, pas le permis de Robert ! Non pas que ce soit lui qui pilote l'avion, mais une voiture de location nous attend pour la seconde partie de notre périple et Robert, en ultimate Go, prendra le volant lui même. Du moins s'il peut présenter le précieux sésame rose ! Et le voilà quitte pour un aller retour express à la maison.

Marignane 6h29...

On regarde les bagages, enregistrés jusque la Havane, disparaitre au bout du tapis roulant. On espère bien les retrouver à notre arrivée là bas ! Le vol Marseille Paris se passe normalement. On a dit normalement, donc avec du retard. Dans mon bagage de cabine, j'ai casé tout le matos fragile : détendeur, phare, caisson pour l'appareil photo, ordi... Au contrôle, on me demande de tout sortir... pffff ! Le vigile trouve à redire sur mon caisson... il est vide, mais un cache protége l'objectif et ça le chiffonne... "c'est pour protéger l'objectif" "oui mais c'est noir ! on voit pas à travers" "Bin, on l'enlève pour prendre les photos".


cap à la Havane

On décolle avec plus d'une heure de retard... On repense à notre voyage à Safaga et on sourit d'un air entendu en anciens combattants de la salle d'attente du Caire. Comme quoi un an après, ça fait un super souvenir. A l'embarquement, on ne peut que remarquer une grande gazelle (bref, une girafe) attifée avec une absence de discrétion qui force l'admiration. Ca promet, on devrait pas voir beaucoup de tailleurs Channel à Cuba !


En attendant le 747, Robert nous impressionne avec ses récits de voyage : 'dans l'boïng d'Sipadan, y avait la téloche et des jeux vidéos'. Dommage, rien de tout ça à bord. Snif. Pas grave, je suis content quand même : c'est mon premier 747 et ça me rend tout nostalgique de ces pelloches des années 70 qui faisaient subir les pires outrages à l'avion bossu : 747 en péril, les naufragés du 747, le 747 ne répond plus, Blanche Neige et les 747 nains...

sboeing sboeing

un peu plus près des étoiles...

Tiens justement, on arrive au Triangle des Bermudes. 'Allo Papa Tango Charlie ?'. Mince, on traverse sans encombre : les Atlandes et les Martiens ne sont pas venus nous faire un p'tit coucou. Mauviettes !

L'arrivée aux Antilles se fait tard dans la nuit vers 1h du mat. Wouat ? Fait encore jour à c'te heure ? C'est comme au Pôle Nord, Cuba ? Hé, man, on est passé à l'heure cubaine : il est 19 heures seulement. Bin ouais, les cubains vivent 6 heures dans notre passé. J'ai le vertige d'avoir ainsi remonté le temps... Sorti de l'atmosphère climatisée de l'appareil, c'est un mur de chaleur qui nous accueille. Le paysage se décore de palmiers et les douaniers doivent être les champions de la galaxie à 'tu me tiens par la barbichette'. Extérieurement, je joue à présenter au sévère douanier le visage le plus triste de l'univers mais intérieurement un seul refrain : CA Y EST ! On y est ! On y est !


Première étape : récupération des bagages. On est plusieurs centaines à attendre la même chose et c'est homérique. Du monde partout et on attend nerveusement en regardant les sacs arriver au compte goutte. Fichtre, on va y passer la nuit. Frustrant alors qu'on commence à douter de revoir un jour nos petites affaires, y a des valises qui nous narguent à repasser sans cesse sous notre nez : "Hé Carole, tu vas venir la chercher ta valoche ? Marre quoi !" L'ASM réquisitionne un coin de l'aéroport et on empile les bagages au fur et à mesure de leur arrivée. Le flot se tarit peu à peu et Christine et Joel n'ont encore rien récupéré. Suspens... un dernier rot du tapis roulant dans le hall déserté et voilà leurs sacs qui arrivent très à la traîne... Ouf ! Vite, cap sur le minibus qui démarre en trombe vers Maria la Gorda. Il est passé 2 heures du mat à mon horloge biologique et même les chaos de la route n'arrivent pas à me réveiller avant l'arrivée.

Henri attend ses bagages