Maria ? "Mariaaaaaa, Mariaaaaa, aï djeust mét eu gueurl némed Mariiiiiaaaaaaa...." En fait, la réalité est moins tragique mais aussi moins romantique que dans West Side Story. Abandonnée là par les pirates, Maria la grosse était une Vénézualienne qui fit son trou en se prostituant et dont les exubérantes dimensions sont restées célébres jusqu'à donner son nom à l'endroit. Hé oui, autre temps, autres goûts, les sex symbol devaient additionner les rondeurs pour séduire !
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Décalage horaire oblige, je suis réveillé aux aurores et quand j'ouvre la porte, j'ai le même choc que Dorothy découvrant le pays d'Oz au delà du seuil de sa maison... Comme si le noir et blanc laissait la place à un paysage de carte postale.
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Et je ne suis pas le seul à faire ainsi mes premiers pas... Ariel, Christine, Robert... On goûte le sable, l'eau entre les orteils, on soupèse les noix de coco, on regarde le soleil se lever derrière les cocotiers... Conquis, on prend contact avec le décor : les petits batiments s'alignent le long de la plage, le restau et le club de plongée se trouvent au milieu devant le ponton où les 2 bateaux accostent. Une route unique pour y accéder et tout autour la jungle ! |
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Le restau est sympa, lumineux. Les buffets ne sont peut-être pas typiquement cubains mais on a de la chance, on est tombé sur la bonne équipe de cuistots et c'est vachement bon ! Au menu du ptit dej pris sur la terrasse avec la mer pour seul décor, saucisses, omelettes, pain grillé ou délicieux pancakes (tant pis si pas cubain, abon pancakes !). Pour les repas, riz, pommes de terre voire spaghettis, porc et poulet. Mais c'est le poisson qui remporte tous les suffrages : jamais mangé de poisson aussi bon ! Pêché de frais dans la réserve, cuit sur la plaque... rhââââââ. Aie, je bave, ça fait des étincelles sur le clavier. |
Entre nos jambes, une troupe de chats aux grandes pattes et gueule toute allongée attend patiemment qu'on lui distribue quelques restes. Pas énervés les chats cubains ! Et encore, faut les voir vautrés sous les tables à l'heure des grandes chaleurs ! La nuit, ce sont les vaches qui prennent le relais : les coquines sortent des bois le soir pour investir la plage et renverser les poubelles à la recherche de restes (ça mange des pancakes les vaches, vous croyez ?). |
Mais impossible d'évoquer le bestiaire marialagordiesque en oubliant les arabis, ces p'tits insectes suceurs de sang ennemis personnels d'Ariel. C'est comme un ptit moustique le zarabi mais qu'est ce que ça pique ! Avec toutes les protections possibles (on n'a cependant pas testé la tenue de cosmonaute), ces petits monstres nous auront constellés la peau de cloques rouges. Certains s'en sortiront avec des ptits points assez discrets surtout sur une peau un peu bronzée mais fallait voir les gambettes à Henri ! Qui, philosophe, relativisait : 'une piqûre de moustique sur 10 000 transmet le paludisme. J'suis sur de l'avoir 2 ou 3 fois maintenant'. |
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M'enfin, ces satanés bestiaux ne nous auront pas empêchés de déguster chaque soir le cocktail rituel au bar de l'hôtel : pina collada ou le fameux mojito. Pas plus qu'ils nous auront empêchés de découvrir la forêt environnante ou de partir sur la plage à la recherche de coquillages désertés. |
L'équipement |
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On laisse le matos sur le bateau pour la nuit. Surprise le lendemain matin, un groupe est déjà parti plonger avec l'autre bateau et nos plombs voire même certaines de nos ceintures par la même occasion. Arg ! C'est ça le communisme ? Le partage des ressources en cas de pénurie ? Heureusement, les choses s'améliorent, au rythme cubain certes, mais ca s'arrange comme dirait Fidel. On nous trouve à tous des blocs acier et assez de plombs. Je dégotte un 15l acier, rouillé certes, mais équipé en DIN, impec ! Avec 2 kgs à la ceinture, je m'en arrangerai parfaitement pour toutes mes autres plongées. Les blocs sont maintenus par des sortes de pinces en plastique pas pratiques du tout mais surtout ils ont le cul rond. Ca aide pas pour s'équiper mais on s'adapte et peu à peu !
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A notre premier contact, la confiance règne : pas de controle de la carte CMAS ou de certificat médical mais on ne plongera qu'accompagnés d'un moniteur cubain. Pas de véritable autonomie. Sauf sur le bateau : rien que pour nous. De toute façon on aurait été plus, on se serait vraiment marché dessus et l'ambiance aurait tourné au bowling. Le pont glissait comme une savonnette et nos chutes (gamelle mémorable d'Henri et mon salto aurait bien mérité 9.7 aux JO) auraient fait nombre de victimes collatérales. 3 personnes pour nous accompagner : Juan Carlos et Enrique nous encadrent tandis que Orlando est le pilote. 2 encadrants, ca veut dire 2 groupes (j'ose plus appeler ça des palanquées) : Robert, Ariel, Christine, Joel et moi suivront Juan Carlos et Enrique tentera de discipliner Paulette, Guy, Ghislain, Robert J et Henri.
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Le premier jour, je fais la grimace. Ce n'est pas que le rythme soit objectivement rapide mais il s'avère difficile à suivre quand on fait de la photo. Et à défaut de faire de la photo, j'en fais des photos ! C'est que je débute en photo sous marine alors comparé à Robert et Henri, nos maîtres Yoda de la discipline, je suis encore un jeune chien fou qui mitraille à tout va ! Du coup, toujours perdu à la traîne, je me sers de Joel ou Ariel comme repères et je tricote frénétiquement des gambettes entre 2 salves pour rejoindre la petite troupe. Bref, pas question de fouiner à droite ou à gauche. Dès le lendemain, les choses s'arrangent, j'ai le déclencheur plus zen et nos amis cubains effectuent un léger ajustement. Henri rejoint notre groupe qui devient illico celui des 'artistes' et Juan Carlos ralentit le rythme. Concrêtement, notre groupe se dilue encore un peu plus : Juan Carlos plane doucement devant sur le haut du récif suivi par Robert, Ariel et Christine et Henri, Joel et moi formont une arrière garde baguenaudant à notre rythme sur les flancs des tombants. Equipage top, plongées top et l'eau ? Top aussi : 27° mini au compteur ! Certains plongent avec un simple shorty. Brrr, ca doit faire frais quand même vers la fin, nan ? Moi, j'aime bien avoir chaud et je conserve mes 14mm de néoprène sur le dos. Par contre, j'ai viré la cagoule et rien que ça c'est le pied intégral ! |
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Premier site exploré : le salon de Maria. Plongée peu difficile est le mot d'ordre sur le bateau. Les premières impressions sont un peu tempérées par le manque -tout relatif- de visibilité et la courte durée (50'). Notre guide a apporté une bouteille emplie de mie de pains. Bien sûr c'est pour nous faire plaisir mais le feeding n'est en aucun cas une pratique à encourager. On fabrique vite des poissons obèses ou cholestérolés collés en masse au touriste pour chopper tout ce qui dépasse en guise de nourriture. |
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L'après midi, on enchaine sur El balcon d'el caribe. La visi et la clarté sont là au dessus de tout reproche et ça nous permet de comprendre ce qu'est la plongée à Cuba. Certes, la faune est moins importante qu'en Mer Rouge, certes le 'gros' garde très largement ses distances mais l'ambiance générale est incomparable. Pas de couleurs pastels ou fluos comme en Egypte mais les couleurs plus primaires sont d'une densité inouïe. Le bleu des profondeurs cubaines, je ne suis pas près de l'oublier ! |
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Représentants les plus caractéristiques des fonds cubains, les spongiaires et les gorgones se sont mis au diapason. Jaunes, rouges, verts, couleurs primaires mais d'une extraordinaire intensité. Et que dire de la forme des récifs ? Torturés, déchirés, percés de passages, de failles, labyrinthes de pierre dans lesquels on descend le long de cheminées ! Oh que j'aime ça ! Le grand Manitou a pensé à moi en créant les fonds cubains ! Je garde le souvenir émerveillé de ma découverte de la Mer Rouge, mes premières plonges hors Méditerranée mais je ne suis pas loin de préférer la plongée à Cuba. Ce qu'on peut perdre en poiscaille -et Cuba n'a pourtant pas à rougir de ce côté là- on le gagne en décorum ! Le balcon évoqué par cette plongée, c'est le tombant qu'on suit. Rien que pour noyer mon regard dans ce bleu, je reste en permanence à la limite du haut du récif. Que l'envie d'y foncer est grande mais pas question de faire le tout fou ! |
Je suis trop occupé à mitrailler : premières murènes (colorées et/ou tachetées), premières langoustes, on tombe dans un banc de perroquets tous bleus pris de frénésie : ce serait y pas la période des amours perroquettes ? Les mérous sont là en nombre mais ils restent petits. Ou plutôt les plus gros restent désespérément hors de portée, plus bas sur le tombant... On sort dans le soleil se couchant. Lumière orangée magnifique. C'est un plaisir de flotter en attendant que le bateau vienne nous récupérer ! |
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A partir du lendemain matin, on change de rythme. Dorénavant, on plongera 2 fois dans la matinée pour nous laisser les après-midi de libre. Au programme de ce second jour : El Encanto et El Milagro. Les caractéristiques restent les mêmes, mais l'enchantement continue. Je découvre le sommet d'un oursin des sables émergeant légèrement d'une plaine de sable blanc. La partie émergée est aussi grande que ma main. Ma photo s'avérera floue (y a encore des progrès à faire) mais j'imagine pas les dimensions que devait avoir la bête. Voilà qui aurait fait un test de choix pour la collec' ! On enrichit notre tableau de chasse photo : crevettes, anémones, porcelaines, barracuda... pour les poissons, j'additionne les clichés mais pour l'identification, il faudra compter sur Henri ! Au moins sur el Milagro, notre plongée dépasse les 60' : voilà qui commence à me plaire. |
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Les plongées suivantes confirment nos impressions : la cadena misteriosa et sa chaine à l'origine inconnue (donc misteriosa) où on découvre une ENORME murène verte olive, las cuevas del Pipo et son extraordinaire labyrinthe de failles, el cuevo del pedro et ses ballistes aux nageoires de mola mola (bizarre le bestiau), el aquarium qui tient assez du long palier de décompression (8 m en creusant le sable), Yemaya nommée d'après un dieu de la mer asteque, avec sa cheminée et son éponge cuvette ENORME (une plongée que je dédierai à une Maïa qu'on connait !).... Mes 2 coups de coeurs ? las cuevas del pipo et puis el labyrinthe qu'on fera de nuit. OK, je reconnais, j'adooooore les plongées de nuit ! Et plus que tout, la plongée de nuit en pays lointain ! Ici, c'est un festival qui tient de la rêverie éveillée !!! C'est véritablement un monde nouveau : poisson savon aux yeux hallucinés, holothuries aux formes étranges, énorme cigale de mer, poulpe, de la langouste à foison, des crevettes, oursins dollars, grosse araignée de mer... A un moment, j'entends Henri me hurler quelquechose; je me retourne un énorme barracuda passe tranquillement à portée. Oh super ! Merci Henri de m'avoir prévenu ! Ah bon ? C'était juste pour je dégage de ton champ de vision ? Pffft ! Mais de toute façon, l'objectif de mon ptit numérique est pas top niveau focale, mais il me permet de dégainer le premier. L'animal passe paresseusement comme s'il se posait sur le sable qu'il touche pour rebondir et disparaitre d'un coup de queue.... Mon phare tombe en rade au bout de 30 minutes (avec une 30W, tu devrais durer au moins un quart d'heure de plus, mec !) mais l'expérience de Tobia Arba a joué : cette fois, j'ai prévu une lampe à piles en complément. Au retour à la surface, c'est le nirvana. Je ne connais rien de plus grisant que, après une plongée extraordinaire, se laisser flotter loin de tout dans la nuit totale avec pour seule lumière celle de la voie lactée ! La mer, les étoiles et rien que moi, petite chose perdue entre ces 2 infinis ? Laissez tomber les houris, si on pouvait choisir son paradis, j'ai une ptite idée pour le mien ! |
La dernière plongée se fera dans le prolongement du salon de maria avec le jardin del gorgonias où on trouve... bingo des gorgonias ! Belle plongée que je fais durer : premier à l'eau, dernier remonté, j'atteins les 90 minutes qui vont bien. Dire qu'il me restait assez d'air pour tenir un bon quart d'heure... mais bon, faut remonter ! Petit déprime, a y est les plongées sont finies ! La seconde partie de l'aventure cubaine peut commencer... |
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