Le voyage

Ca y est, nous nous sommes tous réunis dans le hall de l'hôtel avec la petite montagne formée de nos bagages et on sirote un dernier cocktail en attendant nos taxis. Notre avion doit décoller vers 20h30, nos taxis arrivent à 17h00 juste à temps pour nous déposer à l'aéroport 3 heures avant le décollage. Par contre, on n'a pas le droit à des minibus, juste des voitures et le tout c'est de réussir à y faire rentrer nos bagages. Les 2 chauffeurs s'y collent. Mais vous connaissez ce jeu de la maternelle où il s'agit de rentrer un cube dans une forme carrée, un cylindre dans un rond, une étoile etc... Oui ? Et bien, nos chauffeurs y seraient recalés ! Heureusement, Robert prend les choses en main et les bagages sont vite empilés de manière rationelle et on peut à notre tour se compacter dans les véhicules.


On pénétre dans le hall de l'aéroport une grosse demi heure plus tard. 2 mauvaises surprises nous attendent : y a une file gigantesque pour l'enregistrement et notre avion est retardé : décollage prévu (prévu !) pour minuit 25 ! 4 heures de retard. Pffff, le retard, passage obligé des voyages. Après une heure de file, on finit par se faire enregistrer. De mon côté, j'ai 3 kg de dépassement. J'étais juste en partant, ça me fait donc 3kg de souvenirs ! En fait, on a tous des kg en trop, mais y a que pour Robert que ça pose problème. La guichetière lui demande 189 dollars pour son dépassement mais lui propose vite de s'arranger. Un petit tour de passe passe où les éléments les plus lourds de son matériel finissent dans un bagage de cabine permet aux sacs de descendre sous la barre fatidique sans devoir débourser le moindre centime supplémentaire.

l'aérogare de la Havane

ultime récupération des bagages

Autre mauvaise surprise, nous devons nous acquitter des 25 dollars de taxe d'aéroport. Mais non, les taxes d'aéroport étaient comprises dans le prix du billet. 'Impossible' nous rétorque la fille en uniforme. Pfff, ça c'est un sale tour que vous nous avez fait, Mme Blue Lagoon ! On râcle les fonds de portefeuille, Robert, en vieux baroudeur, avait gardé quelques dollars et on peut tous payer la somme due.

On peut donc atteindre l'aérogare et attendre plus de 5 heures. Air France nous a refilé un bon d'achat de 6 dollars pour qu'on puisse s'acheter quelque nourriture. 6 dollars les 5 heures d'attente qu'on fera finalement, c'est pas se moquer du monde ? Mais bon, ça permet de découvrir combien le snack de l'aéroport de la Havane est redoutable ! Avec l'estomac pas vraiment calé, on décolle vers 1 heure et demie du mat. Le retour se passe finalement assez rapidement, c'est normal quand on dort ! On retrouve le sol français au milieu de l'après midi. Pour le retour sur Marseille, Air France nous a recasé sur un vol après 20h00 donc on attend. L'heure venue, on nous annonce encore une heure de retard. Décollage après 22h. Allez, on ajoute 6 heures d'attente à une note déjà fort chargée. Avec tout ça, il est minuit passé quand je regagne mes pénates. Le frigo est vide, il va falloir aller faire des courses. Lundi le boulot reprend et samedi matin, pour la plongée sur les Pierres Rouges, l'eau sera à 13 degrés. Et oui, ça y est, c'est le retour aux dures réalités du quotidien !



Cuba ?


Alors Cuba ? Ah oui, Cuba. Les plongées somptueuses, l'eau à 27°, les paysages grandioses, les 3 villes visitées si différentes, les scènes de rue si pittoresques, les monuments, la population cubaine... On se sera régalés pendant 2 semaines et ce voyage restera un excellent souvenir. Oui mais voilà, il ne faut pas oublier que Cuba n'est pas un pays comme un autre. Vrai que Cuba possède une aura romantique dans notre pays de prise de la Bastille. C'est ce pays révolutionnaire qui fait la nique à ces crétins de ricains depuis tant d'années, c'est là où le Che, ce barbu à l'étoile, le James Dean des révolutionnaires, dont l'image fait la fortune des marchands de tee shirt, s'est distingué. Oui, mais Cuba est aussi une dictature, un pays où on distribue les années de prison pour délit d'opinion comme Rocky les chataignes. Cuba, c'est 4 ans de prison pour la possession illégale d'un kilo de viande. En mars de cette année, une rafle et des procès expéditifs ont amené 77 journalistes en prison pour des peines surréalistes d'atteinte à la souveraineté de l'état. Ce qui permet à Cuba d'être le pays détenant le plus de journalistes dans ses geoles au monde.

Serait ce pour rappeller aux Cubains que c'est pas parce que le pays s'est ouvert au tourisme (pour des raisons purement économiques) que la main de fer s'est relâchée ? Bref, coincé entre la police en uniforme ou en civil, les dénonciations, la misère extrême, c'est pas facile d'être Cubain aujourd'hui ! Mais comment se rebeller quand, travail, ravitaillement et logement, on dépend à 200% du gouvernement ? Notre petite ballade n'aura fait qu'affleurer la réalité cubaine et on n'aura guère aperçu du régime que ces affiches kitsch de propagande, sans doute même est il un peu malvenu de conclure notre récit de voyage par cette note sinistre. Mais nos magnifiques incursions dans le milieu marin ne doivent pas constituer des oeillères sur la triste réalité de ce monde, n'est ce pas ?

Texte : Laurent. Photos : Laurent, Guy et Henri.



propagande encore