une des entrées du COM

On connait à l'ASM le Centre d'Océanologie de Marseille (le COM) pour avoir déjà pu y suivre des conférences ou y avoir participé à des journées de labo consacrées au plancton. D'un autre côté, la structure n'est finalement pas si connue que ça du grand public et une journée portes ouvertes comme celle du 27 septembre dernier est une bonne occasion d'en apprendre un peu plus.

Christophe, Pierre Jean et moi nous nous sommes donc rendus en ce samedi pluvieux à la station marine d'Endoume, siège administratif du COM. Avec son accès direct à la mer et la vue sur le Frioul, elle est idéalement placée pour ses recherches. Pour y accéder par la route, c'est autre chose. Le quartier est pittoresque mais inexpugnable. Et encore, on est pas en été ! Le temps de trouver une place dans les étroites ruelles et on atteint non sans peine le saint des saints.

Voyons la plaquette de présentation : école interne de l'Université de la Méditerranée, Observatoire de l'Institut National des Sciences de l'Univers (CNRS), 7 niveaux d'enseignement (dont Maitrise d'Océanographie, DEA Sciences de l'environnement marin, doctorat), 6 groupes de recherche, des programmes multiformations, 140 chercheurs et enseignants, des labos situés à Luminy... Du costaud quoi.
Et ça date pas d'hier ! La station marine à Endoume a été fondée en 1889 mais un des premiers travaux du labo a été la cartographie marine de la baie de Marseille en 1833, une première mondiale ! Ca tombe bien, j'aime bien les vieilles cartes comme cette reproduction d'une carte de 1700. Plus récente, une carte du monde matérialise par des pastilles l'implantation des travaux du COM, histoire de voir qu'aucun continent n'est oublié ! Et les gars du COM, avec toute cette pub gratuite que je vous fait, j'ai bien droit à un bec Bunsen, nan ?

une carte de Marseille et de la Cote Bleue de 1700

Après avoir visité la bibliothèque de 20 000 ouvrages (je les ai pas compté) rangés sur 500 m de linéaires (je les ai pas mesurés), on parcourt le batiment au gré des différentes présentations. Trop de monde pour voir les diaporama en Powerpoint. Par contre, 'Bioérosion récifale après deux ans d'eutrophisation expérimentale (Grande Barrière d'Australie) : rôle des microperforants' attire notre attention. D'abord, kesséssa ? Pour étudier les effets de la pollution sur les récifs de corail, on augmente de manière importante les sels nutritifs (c'est ça l'eutrophisation) sur une zone de test. Au début de l'expérience, on colore la surface des coraux de référence desquels on va mesurer l'évolution de la croissance. A l'afflux de nutriments (phosphates, nitrates), correspond un développement des micro organismes dont les micro-perforants qui, comme leur nom l'indique, s'attaquent au corail. On parle de bio-érosion : l'érosion provoquée par des organismes vivants par opposition à l'érosion due au vent par exemple. Illustration : Ooooh, je crois que cette table de Milka va subir une bio-érosion fulgurante !

la présentation bioérosion récifale au dessus du trait violet, un an de progression de ce corail

Ensuite, c'est le microscope électronique à balayage qui nous permet de zoomer un grand coup.
Le coeur de l'engin est un filament de tungstène soumis à un courant de 25 000V émettant des électrons qui, focalisés par des lentilles électro-magnétiques, bombardent l'objet à étudier. Celui-ci a été prétraité par métallisation d'une très très fine couche d'or à sa surface. Pas la peine de se mettre en tête de chouraver les specimen cependant, cette couche est si fine qu'ils n'apparaissent même pas dorés à l'oeil nu.
Son rôle n'est que de permettre aux électrons de rebondir pour être récupérés par des capteurs qui vont générer une image qu'on observe sur un écran ou redirige vers un appareil photo. Le grossissement possible est de 150 000 fois ce qui n'est pas rien quand même. Si on appliquait ce traitement à l'Anthias, il mesurerait 1800 km et Robert 255 km. Un Robert de 255 km, brrrrr ! On pourrait encore augmenter le grossissement mais, au delà, les artéfacts de la métallisation apparaitraient. Autrement dit, on verrait les défauts du métal et non plus les détails du sujet de l'examen.
Mais 150 000 fois, c'est déjà bien suffisant pour faire apparaitre un monde et des paysages nouveaux à la sombre beauté veloutée.


le microscope électronique à balayage le canon à electrons détail de la structure d'une pointe d'oursin
un des labos

Un labo est équipé en microscopes, binoculaires et foultitude d'échantillons permettant une observation moins poussée mais toujours fascinante. Je recommande celle du zooplancton, histoire de découvrir le véritable visage des petites choses qui illuminent nos plongées de nuit.

Plus loin, on s'adresse plus spécifiquement aux enfants avec différents ateliers d'initiation, des aquariums présentants holothuries, étoiles de mer et autres représentants de la faune locale.

Christophe à la binoculaire

Bref, y en a pour tous les goûts et la structure mériterait d'être un peu plus connue. Rendez vous donc pour la prochaine journée portes ouvertes dans 2 ans.

Texte et photos : Laurent.