3 retenues d'eau artificielles ont été créées dans le bas Verdon : le lac de Sainte Croix, le lac d'Esparron et, situé entre les deux, le lac de Quinson siège de notre sortie de ce jour.

la carte

Nous sommes ici à l'initiative de George Olivari de la maison de l'eau de Barjols dans le cadre d'une étude de l'herbier de Potamogeton Pectinatus.

Le Potamogeton Pectinatus (Potamot Pectiné en french) prospère dans les eaux douces stagnantes riches en nutriments où il se développe jusque 3m de haut en herbiers qui constituent de véritables filtres retenant les impuretés. Son rôle de nettoyeur le rend particulièrement intéressant pour nos cours d'eaux et mérite bien que les scientifiques s'interessent de pres à lui.
Dans l'état actuel des connaissances, le développement de cet herbier semble se limiter aux 7ers metres sous la surface et la colonisation de semble pas prendre plus profond. Pour l'étudier et la mesurer précisément, des plots doivent être posés pour marquer les limites actuelles de l'herbier. A charge lors de prochaines missions de constater (ou non) la progression de la plante et de juger de son importance.

Robert et George Olivari

Comme c'est un macrophyte (voilà qui vous servira pour le scrabble), c'est à dire une plante qui se développe sous l'eau et qui est visible à l'oeil nu, le recours à des plongeurs s'impose pour cette mission que nous avons choisi d'accepter.


vue d'ensemble d'une partie du lac le camp de base

Et moi je dis super ! J'apprécie tout particulièrment ce genre de petites expéditions car, non seulement on rend service à la science et on contribue à la protection de l'environnement mais pour nous plongeurs, cela nous permet de plonger des lieux qui sortent de notre ordinaire salé et de voir des choses inhabituelles. Plonger en lac, c'est découvrir un monde nouveau moins évident mais tout aussi fascinant que le milieu marin !


le briefing de Georges gonflage du zodiac la préparation des plots

la mise à l'eau

la mise à l'eau

la mise à l'eau

Long de 11km et accusant une surface de 230ha, le lac de Quinson est formé au long de gorges étroites en un chapelet de petits lacs comme celui que nous plongerons ce matin. Le départ se fait à proximité de l'amorce d'une route qui, avant la mise en eau de la vallée en 1975, la traversait pour enjamber le Verdon par un pont.

Quand on a passé la tête sous l'eau, il ne nous faut pas longtemps pour découvrir que la route a pratiquement disparu sous la végétation. On devine à peine une vague tranchée blanchâtre qui sépare en 2 la foret de Potamot. La vision est impressionnante et presque lugubre. La lumière est baflarde à 7m et ces grandes tiges décharnées font penser à la foret pétrifiée d'un conte de fée. S'il y a une sirène au bois dormant cachée dans l'herbier, on n'ira pas la débusquer, pénétrer entre ces tiges est dangereux et il y a de quoi se retrouver facilement coincé. On se contentera de la pose des plots à la lisière, c'est moins dangereux mais pas évident, les frontières de l'herbier n'étant pas aussi nettement marquées que celles d'un champ de colza dans une exploitation agricole. Pour la prise de photo, c'est mal barré aussi. Le moindre mouvement soulève des nuages de particules et interdit l'usage du flash. Tant pis pour la photo d'art mais l'ambiance est garantie !

  un herbier de Potamot Pectiné (photo prise au lac de Roue)     un herbier de Potamot Pectiné (photo prise au lac de Roue)

La cerise sur le gateau, c'est le petit extra qu'on s'offre une fois notre mission accomplie. Comme on le disait plus haut, la vallée était traversée par une route qui franchissait le Verdon par un pont. La vallée inondée, il est resté le pont qu'on s'est juré de retrouver. La végétation sous marine a recouvert le tracé de la route, on doit donc changer de tactique et traverser la vallée jusqu'à l'ancien lit du Verdon, devenu un canyon aux parois escarpées où la vase a remplacé la végétation. Dans la pénombre, le paysage lunaire est lugubre, inquiétant même. On s'y engage pourtant jusqu'à ce qu'une énorme masse noire apparaisse au dessus de nos têtes. Je suis surpris par sa taille. Certes, ce n'est pas le pont de Brooklin mais quand meme il est bien gros ! Fait en pierres taillées, ornées de 2 énormes écussons de bronze sur chaque pile, on pourrait y danser si le tablier n'était enseveli sous la végétation albinos qui déborde de la chaussée pour pendre en rideaux fantomatiques. On nous avait dit que l'année de la construction du pont était gravée quelque part. Info ou intox ? En tout cas, on ne l'a pas trouvée. Que la science me pardonne, le pont, c'est pour moi le point fort de la journée !

Texte et photos : Laurent.