Le recensement des mérous et nacres sur l'archipel des îles de Marseille est LE rendez vous bio annuel que l'ASM ne raterait sous aucun prétexte. Alors après 2005 et 2004, ça nous aurait fait mal de louper cette nouvelle édition !

Làs, une nouvelle fois, cela n'a pas été sans peine du fait des caprices de M. Eole ! Voilà un bénévole enthousiaste de ces recensements qui s'entête à jouer les trouble-fête et dont on se passerait bien ! Grâce à ses efforts acharnés, la manifestation, prévue initialement fin septembre, avait dû être repoussée en octobre.
Et voilà qu'on y était arrivé à ce week end de la dernière chance, que tout était prêt mais que la météo était à nouveau incertaine. M Eole avait annoncé sa participation mais serait-ce au point de mettre en danger les plongées ?


La difficulté supplémentaire pour l'ASM, c'est qu'il faut faire traverser à l'Anthias toute la baie de Marseille. En plus, pour être à pied d'oeuvre au plus tôt, le voyage doit se faire dès le vendredi après midi.

Cette traversée a parfois été sportive mais toujours possible. Mais pas cette année, la mer est déchaînée et la journée se termine sans que l'Anthias n'ait pu quitter l'abri de la Redonne. Son fier navire prisonnier de la Cote Bleue, l'ASM allait-elle devoir renoncer ?

Que nenni ! Une bataille était perdue mais la guerre ne faisait que commencer. Restait le plan B : à savoir se lever tôt tôt tôt samedi matin et quitter le port avant l'aube.

Les Robert partis à la mer, on attendait fièvreusement les nouvelles au club jusqu'à ce que l'insoutenable suspens se termine en happy end : la météo se montrait clémente et cette nouvelle tentative était couronnée de succès ! On pouvait aller rejoindre l'Anthias à Pointe Rouge et se préparer à compter !

le terrain de jeu de l'ASM


en quittant Pointe Rouge en organisant les palanquées au cap Croisette



Plane

l'objet de toutes nos attentions

Notre mission, et on l'a acceptée, était de traquer la pina nobilis à l'extrémité sud ouest de Plane. En chemin, on se fait un peu mouiller par les embruns mais le temps est beau et le trajet se fait sans encombre. Par contre, on a le soleil dans le museau sitôt passé le Cap Croisette et c'est pas top pour prendre les photos ! Mais même éblouis, on n'a pas de mal à se positionner devant le fin ruban vert (belle pelouse, au fait !) de l'ile.

Plane, l'île toute plate départ pour le comptage

Arrivés à notre 3ème participation, on est fin prêts : on connait maintenant notre arithmétique sur le bout des doigts et on maîtrise la manoeuvre.
Chaque palanquée s'organise autour d'un plongeur armé d'une boussole (pour suivre le cap) et d'un mètre roulant (pour mesurer la distance). Alignés autour de cet homme de pointe, chacun progresse peu à peu en fouillant la posidonie à la recherche du mollusque. Les 60 mètres déroulés, on rembobine, on reprend le cap et on repart pour un nouveau transec. En chemin, chaque specimen repéré est soigneusement catalogué : profondeur, taille, état, position etc...

On a le temps de boucler 2 transecs avant d'atteindre la côte de l'île dont on longe ensuite le flanc. La récolte est bonne, le nombre de specimen est important et on débusque même la plus grande nacre que j'ai pu voir jusque là. Belle bête spectaculaire !

le retour des rateaux

Avec la satisfaction du devoir accompli (mais sans dévorer le 4 quarts offert qu'on avait oublié au port), on peut retourner au port pour la pause gonflage/déjeuner. Henri convoie nos blocs jusqu'au local compresseur avec son Partner et on profite du beau temps pour rester pique-niquer à bord de l'Anthias.


le long du transec le mètre à la main une plaquette pour noter les caractéristiques des specimens rencontrés

Béa à bloc la mesure d'un beau specimen de Beatrisia Landryllum la sortie de l'eau



Riou

devant Riou

Second round et on ne change pas une équipe qui gagne : on reste sur la pina nobilis et on garde les mêmes palanquées et la même méthodologie. Seul le site est différent, on dépasse Plane cette fois pour s'intéresser à Riou.
Largués sur une prairie de posidonie clairsemée, on a aucun mal à débusquer en masse la pina sans avoir à recourir au rateau. Avec pas loin d'une trentaine de specimen repérés par l'ensemble des palanquées, le décompte est même exceptionnel ! L'espèce semble revenir en force de ce côté de l'archipel. La cerise sur le gateau, c'est pour la chanceuse palanquée qui a le coup de bol monstre de croiser une raie pastenague de belle taille en maraude au dessus de la posidonie.


la pause déjeuner la collecte des résultats les résultats sont transmis à l'organisation

De retour au port après ce comptage miraculeux, il faut faire à nouveau face aux dures réalités. Les conditions venteuses sont sensées se dégrader le lendemain, ce qui pourrait rendre le recensement et surtout le retour de l'Anthias sur la Côte Bleue problématiques. Should I stay or should I go ?
Finalement, la sagesse l'emporte et l'Anthias prend le chemin du bercail sitôt nos résultats communiqués. Une décision dictée par la prudence qui se verra confirmée par l'état de la mer le lendemain. Pas de regrets à avoir donc surtout que le temps empêchera les plongées de l'après midi.

Si la manifestation fut ainsi amputée, les résultats des comptages se révèlent malgré tout extrêmement encourageants pour l'avenir. A confirmer l'an prochain pour la 5ème édition !

Texte : Laurent. Photos : Henri et Laurent.

l'Anthias quitte le port



Le bilan

  • 35 mérous et 2 corbs comptabilisés lors de 82 plongées sur 13 sites représentant un territoire de 21250m2

  • 99 nacres vivantes et 51 mortes comptabilisées lors de 109 plongées sur 9 sites représentant un territoire de 22632m2 et réparties ainsi :
         48 juvéniles mortes
         3 adultes mortes
         21 juvéniles vivantes
         78 adultes vivantes

  • la photo de groupe (sans Robert qui conduit et bibi qui prend la photo)