"Attention, si tu n'es pas sage, tu finiras au caisson !"
La pression a beau ne pas nous être une inconnue, le caisson, c'est là où on va quand il y a accident avéré, potentiel ou possible. Et ça, ça a tendance à foutre les j'tons ! Heureusement, c'est bien connu, les accidents n'arrivent qu'aux autres !

Sauf que, bien sûr, on est toujours l'autre de quelqu'un et puis si le caisson n'est pas la panacée, il est là pour soigner, guérir et c'est donc un allié de poids pour le plongeur. En tout cas, c'est un bel outil qui mérite d'être démystifié et c'est tout bénef pour le plongeur et surtout le DP d'apprendre à le connaitre. Et c'était là le but de la visite du centre hyperbare de l'hopital Sainte Marguerite organisée pour l'ASM par le docteur Bergman.

à l'hopital Sainte Marguerite



Fonctionnement

l'organisation des 3 caissons et de la console de contrôle

Le centre comporte 3 caissons :

  • 1 caisson pour la réanimation
  • 1 caisson pour le traitement des malades chroniques
  • 1 caisson destiné à faire les deux qui est également hypobare.

    Un caisson, c'est à peu près une grosse bouteille de plongée, si ce n'est bien sûr, par son volume : environ 35 m3. On pourrait rester un sacré bon moment sous l'eau si on avait ça dans le dos ! Mais vous me direz qu'on n'irait pas bien loin. Oui.
    S'ils reprennent la forme de cylindre d'acier de nos blocs, c'est bien sûr pour la résistance à la pression. Leur destin est d'ailleurs le même avec une réépreuve obligatoire à intervale régulier (tous les 10 ans pour les caisson). Ils sont dans ce cas, déséquipés entièrement et remplis d'eau pour les monter à leur pression d'épreuve. Poids de l'acier + poids de l'eau : on comprend pourquoi il vaut mieux les construire au rez de chaussée sur de solides fondations !

  • A l'intérieur, on dispose d'un confort spartiate mais confort tout de même avec de gros serpentins pour réguler la température (quand on comprime, ça chauffe et quand on décomprime, ça caille) et des sanitaires chromés. Les caissons destinés à la réanimation offrent assez de place pour un lit tandis qu'une série de fauteuils permet d'accueillir plusieurs malades chroniques à la fois.


    Petit rappel pour les néophytes, un caisson hyperbare permet d'augmenter la pression et un caisson hypobare de la diminuer.
    On verra ci dessous l'intérêt de l'hyperbarie, mais à quoi bon diminuer la pression me direz vous ? A un niveau médical aucun, par contre, c'est intéressant pour des recherches scientifiques, des tests ou préparer ceux qui doivent intervenir à haute altitude comme des alpinistes par exemple. A l'époque du défunt projet de navette spatiale européenne (la pauvre Hermès tombée dans l'oubli depuis), on testait la possibilité d'effectuer des chutes libres depuis les 45 km d'altitude. C'est sacrément haut et la pression y est bien loin des 1 bars !
    La chute de pression qui correspond à une montée à 12000 metres d'altitude se fait en 10 minutes. La pression extérieure chute rapidement, plus rapidement que peut se faire l'équilibrage avec la pression interne du corps. Ce qui nous rappelle.... Bin, oui, le risque d'accident de décompression qui est évité en respirant de l'O2.


    le docteur Bergman nous présente le centre l'ASM attentive aux explications du professeur

    En hyperbarie, la montée en pression se faisait auparavant avec des bouteilles tampons de 200 bars. Aujourd'hui, ce sont 3 compresseurs qui délivrent les 12 bars de l'alimentation des caissons.
    Pour le malade lambda, on augmente la pression à une vitesse de 0,1 bar par minute après qu'on lui ait expliqué comment compenser les oreilles. Ce sera par contre plus rapide pour le plongeur, habitué à des vitesses de descente en profondeur un peu plus rapide que le 1 mètre à la minute ! La pression maximale de traitement n'est pas non plus étrangère au plongeur N3 et plus : 6 bars maxi soit 50 mètres.

    OK, OK, me direz-vous, on peut apprendre le vasalva à un patient mais et s'il était inconscient ? Comment le soigner sans lui exploser les tympans ? La solution est simple car un malade comateux est en état de relachement total et la compensation peut se faire d'elle-même. En cas de problème, on peut également lui poser des drains à travers le tympan pour faire communiquer les oreilles moyenne et externe.

    l'ASM prise entre 2 portes

    l'intérieur d'un des caissons une porte épaisse qui ne peut s'ouvrir que vers l'intérieur dans le cas d'un caisson hyperbare le docteur Bergman présente à Sandrine le sas pour introduire des objets au caisson en pression

    Henri et François reluquent par les fenêtres la porte extérieure pour l'usage hypobarique l'ASM invitée à entrer jeter un oeil



    Usage

    Déjà, il faut savoir que les caissons ne sont que peu utilisés pour les accidents de plongée. Ceux-ci représentent à peine 10% de leur temps d'utilisation.

    L'oxygénothérapie hyperbare (rappel aux deux du fond à côté du radiateur : c'est respirer de l'oxygène pur à plus d'un bar) augmente la délivrance d'oxygène aux tissus et c'est tout benef pour l'organisme :

  • c'est bon les problèmes infectieux, l'O2 tuant les germes
  • c'est bon pour les intoxications au monoxyde de carbone
  • ça favorise la cicatrisation et ça lutte contre la gangrène
  • ça lutte contre certaines formes de surdité
  • ça limite les effets secondaires de la radiothérapie

    Son action est aussi bénéfique sur les brûlures mais cet usage, du fait de ses lourdes contraintes, n'est pas pratiqué en France.

  • le masque à oxygène et son expirateur le système de chauffage les sanitaires tout chromé

    l'extincteur couplé à une bouteille de plongée le docteur Bergman nous explique le fonctionnement du masque à 02 dans le caisson des maladies chroniques



    Les risques de l'O2

    Ce n'est pas la pression qui pose le plus de problème dans le cas de l'oxygénothérapie, mais l'O2. Mais bon, difficile de faire l'impasse dessus ! L'oxy est très inflammable et la plus petite des étincelles peut transformer le caisson en rotissoire géante !

    Par conséquent, la mise en pression se fait à l'air et l'O2 est délivré par masque. Des analyseurs d'air permettent de surveiller en permanence son taux : pas plus de 23,5% sinon, ça coupe ! Les masques sont équipés de sortes de détendeurs inversés destinés à évacuer l'expiration des malades vers l'extérieur et on fait la chasse à toutes les matières qui pourraient favoriser l'embrasement : les sources de chaleur, les corps gras, les appareils électriques....
    On mise sur la prévention mais les mesures anti incendies ne sont pas oubliées, les caissons sont équipés d'un système de douches et d'extincteurs. On a ajouté à ces derniers une bouteille de gaz sous pression : à une atmosphère de plus d'un bar, un extincteur normal ne pourrait tout simplement pas émettre son contenu !


    l'ASM attentive Robert et Nico attendent le bus comme des sardines dans leur boite



    Et la plongée ?

    Le nombre d'accidents de plongée reste finalement assez stable d'année en année si on le ramène au nombre de plongées effectuées.
    Mais cette visite nous rappelle que le principe de précaution doit prévaloir. 20% des séances de caisson de plongeur se font à titre préventif sans qu'un symptôme se soit déclaré.

    A quel moment alors faut-il déclencher le processus des secours ? Pour le professeur, c'est quand :

  • il y a une erreur de procédure de décompression : palier non fait, vitesse de remontée trop rapide...
  • un plongeur présente des symptômes visibles
  • un plongeur émet la moindre plainte. Aucun signe n'est à négliger et doit être pris au sérieux.

    Nous voilà fixés ! Une visite intéressante d'un équipement qu'on est tous bien content de savoir où trouver tout en espérant ne pas le revoir de sitôt !

    Encore une fois, tous nos remerciements au docteur Bergman qui nous a ouvert les portes du centre pour son accueil et le temps qu'il nous a consacré.

    Texte et photos : Laurent.


  • la visite se termine par la console la console qui sert à piloter les caissons