Avec la grotte Cosquer nous remontons très loin dans le passé, deux périodes d’occupation ayant été mesurées grâce au radiocarbone, une il y a 18500 et l’autre
il y a 27000 ans.
Il y a 20000 ans, en pleine période glaciaire, le niveau des mers s'établissait jusqu’à 135 mètres sous le niveau actuel, dégageant ainsi de vastes plaines côtières littorales
qui s'étendaient face au futur Marseille jusque bien au-delà de Planier ou permettaient de rejoindre l'Irlande à pied sec depuis le continent.
Des chasseurs-cueilleurs occupaient ces zones cohabitant avec une faune constituée de chevaux, aurochs, bisons, mamouths sur le plateau continental, bouquetin, chamois
sur les collines, phoques, pingouins sur les plages. La nature calcaire de la région a permis de creuser des grottes au cours des temps géologiques.
Cette grotte a été découverte par Henri Cosquer, président à l’époque du « Club Cassidain de Plongée ». Il y a pénétré une première fois en 1985
sans découvrir les fresques qu'il n'a aperçues qu'en 1991 en prenant des photographies. C'est le décès de 2 plongeurs dans le tunnel de l'entrée qui l'a décidé à déclarer
sa découverte. La polémique autour de cette trouvaille a amené le Ministère de la Culture à envoyer une équipe technique pour vérifier son authenticité.
La grotte n'est accessible qu'au bout d'un boyau de 119 depuis une entrée à -37m. Plusieurs
salles sont en communication les unes avec les autres. Des stalactites et des stalagmites sont présentes (formées bien sûr hors de l’eau). Certaines sont cassées et
témoignent, avec des failles dans les structures, de mouvements sismiques qui pourraient expliquer l’abandon du site pendant 8500 ans.
La salle d’arrivée est assez grande et donne accès à un tertre sur lequel on peut remonter et se déséquiper.
Le fond des grottes décorées n’a jamais été habité, ces sites étaient essentiellement consacrés à des rites et ce sont les entrées qui
servaient d’habitations. Les parois sont recouvertes de calcite dure et de glaise blanche.
Les décorations sont présentes sur toutes les surfaces, les dessins peints sont majoritaires et les plus expressifs, mais on rencontre aussi de nombreuses gravures, associées
ou non et souvent superposées. Des flaques d’argile rouge ont servi à l’époque de colorant pour certains tracés sur les fresques. Certaines stalactites ou stalagmites
possèdent des traces de charbon, des mouchures de torches de l’époque pour
affiner la flamme.
Certaines espèces rares sur les fresques des grottes connues, comme une panthère, des pingouins, un phoque, un saïga, un cerf mégacéros sont représentées.
Des sexes masculins et féminins, des mains négatives ou positives, en noir (charbon) ou rouge (argile) avec des doigts amputés (ou repliés selon
les théories) sont très représentés. La signification de certains signes comme ces « enveloppes » ou petites valises avec une anse ou encore ces têtes de cheval avec des cornes de bisons
nous échappe encore.
Les théories sur le sens des grottes préhistoriques se sont succédées au fil du temps :
art pour l’art selon l’abbé Breuil, pratique chamaniste pour favoriser la chasse (quoique les animaux représentés étaient parmis les moins chassés) ou encore
observation du ciel et des saisons selon Chantal Jegues-Wolkiewiez.
Ainsi la plus grande partie des grottes décorées sont orientées dans la direction des solstices d’hiver ou d’été, qui sont les bornes des saisons. Des mesures
faites, entre autre, sur la grotte de Lascaux sont allées encore plus loin dans cette théorie: les animaux peints aux plafonds et sur les
parois seraient la représentation de constellations de l’époque. Des parties du ciel de ces périodes reculées reconstituées sur ordinateur
se positionneraient parfaitement à ceux-ci. Des os percés représenteraient des observations régulières de la hauteur de la lune.
Ceci expliquerait qu’à la sortie de la préhistoire nous retrouvons des pyramides en Égypte et en Amérique du sud, des calendriers comme celui des Mayas,
des explorations comme l’arrivée des Solutréens en Amérique du Nord par l’Atlantique avant celle des asiatiques par le détroit de Béring ou la conquête du Pacifique
par un peuple venu de Formose. La cosmographie archaïque, issue de millénaires d’observations a permis d’y puiser la connaissance pour les périodes de chasse, puis
le développement de l’agriculture et toute l’organisation sociale et religieuse qui en est découle. Cette observation du ciel est à la base de la plupart de nos techniques
modernes.
Compte rendu et photos : Henri.