rendez vous au parking du Bestouan

Je dois avouer que je n'étais pas fière à l'idée de goûter à la plongée spéléo ! Maintenant, après cette expérience, j'ai du mal à imaginer que la première fois que je suis rentrée dans la cheminée du Jardin à Cassis, j'eusse eu si peur .....

Audrey, Laurent et moi-même, rencontrons pour la première fois, les plongeurs spéléo (très sympathiques d'ailleurs) sur la presqu'île. Ils nous présentent l'équipe, le matériel (impressionnant) et nous voilà parti pour un super briefing sur la sécurité. Effectivement, il ne faut pas oublier que nous parlons de spéléo ! Alors pas de place pour les étourdis ! Au risque de découvrir après 50 mètres de galerie que l'on a oublié de gonfler ses blocs (et oui, c'est en bi sécurité oblige) ou bien de se retrouver sans phare. Nous, on a plutôt l'habitude d' entendre en plonge de nuit : «Heu !!!! Pourtant j'étais sûr de l'avoir rechargé à toc !» et oui peut être ? Mais en spéléo, être sur, ça ne suffit pas !

La redondance du matériel ! (Quoi tout en double ??! Aie, ça coûte cher, ça !) Voilà la principale source de sécurité.


Il faut partir avec au moins 2 masques, 2 instruments pour la mesure du temps et 2 instruments pour la mesure de la profondeur (faut avoir le bras long pour être spéléo !), 2 phares (voire plus) de puissance suffisante fixés solidement au casque afin d'avoir les mains libres, les gros accus, 2 blocs (en acier bien sûr, ça c'est juste pour se faire les muscles), donc 2 sources d'air bien dissociées et bien sur 2 détendeurs et 2 manomètres. Monsieur et pour les palmes ? "On" enfin "eux" emporteront uniquement des sangles supplémentaires. Ouf, nous voilà rassurés !

planche anatomique d'une Audrey spéléo

Voilà le matériel étant vu, maintenant on ouvre davantage nos esgourdes, car il ne s'agirait pas de perdre seulement une info. Il fallait voir les yeux écarquillés d'Audrey, lorsque Michel commence à nous expliquer la règle des cinquièmes : faire demi-tour dès que nous avons consommé le cinquième de notre air. Et oui, on va commencer comme ça, rappelons-nous que nous sommes en initiation ! «Vous avez bien compris ?» ( Euh, oui on l'espère !)





Samedi 24 novembre 2001,10 heures du matin

On s'équipe, et on se moque les uns les autres. Ton casque, un peu trop grand, te sied à merveille Audrey, et toi Laurent t'en n'as pas trouvé un plus petit ?

Nous partons chargés comme des bourricots découvrir tour à tour ce nouvel univers. A Port Pin, la mise à l'eau est périlleuse. On a bien du mal avec tout cet équipement qui nous chatouille les lombaires. Rester en surface ! Oui on ne demande pas mieux mais on a beau gonfler au maxi notre stab, rien à faire, la soupape n'en peut plus et nous comprenons alors l'intérêt des gros volumes des stabs de nos encadrants.

tu l'as vu le kiki !
avant le grand saut

Direction, la grotte. L'eau se trouble sur quelques mètres (différence de salinité ), on se croirait presque dans le film Abyss ! Puis l'eau redevient claire enfin presque ! Le casque, armé de 4 phares (c'est lourd) éclaire notre main qui court sur le fil d'Ariane ( ou de vie, c'est plus adapté)......On ne le lâchera sous aucun prétexte. Ah ça non !

On s'enfonce de plus en plus et la lumière est maintenant bien loin derrière nous. Les sentiments sont forts à présent pour chacun d'entre nous. On ne sortira pas indemne de cette expérience, ça c'est sur.

Noir, il fait très noir ! Nos tonnes de watt ne suffisent même pas. La grotte est si large que l'on à du mal d'en distinguer les bords. A l'intérieur, point de vie, si ce n'est cette petite bestiole funambule.

Le fil court. A priori rien de bien compliqué, le retour se fera sans problème c'est toujours tout droit. Au fur et à mesure de la progression, les neurones (pour certain, il paraît) commencent à s'exciter. Surtout lorsque nous rencontrons un croisement. Ca se corse ! On fait confiance à notre guide et on continue....

Pas facile de rester zen, c'est vrai. Et s'il y arrivait quelque chose ? Nous voilà sous 15 m d'eau à 20 minutes de la surface!


Le moment de faire demi-tour rassurera certaines d'entre nous et en frustrera plutôt un. Au retour, pour ma part tout s'embrouille lorsque nous rencontrons un deuxième croisement ! Comment est ce possible ??? !! A l'aller il n'y en avait pourtant qu'un ! Et bien non, fallait ouvrir ses yeux, je ne l'avais pas vu tout simplement. L'air inquiet je regarde, enfin disons plutôt j'attire l'attention de mon guide sur ce qui m'inquiète (impossible de se regarder dans les yeux ! Trop de lumière alors on ne se regarde que les mains ! )... . Il lève le bras et regarde sa boussole et c'est à ce moment précis que je me suis vue dans les faits divers qui auraient relaté ma lente agonie dans les ténèbres. Mon dieu ! Il me dit «par-là» mais en est-il sur ? Tout le temps, j'étais convaincue que ce n'était pas le bon chemin. et je cogitais......
Combien de temps me reste t'il ? Me voilà à mon tour dans une situation on ne peut plus délicate voire même de non-retour !!!! Bref je flippe ! Je tente de ne pas le montrer et pourtant il parait que ça c'est vu (j'ai accéléré la cadence !!) Au loin la lueur bleue me fait respirer !!! Ouuuuuuuuiiiiiiiii c'est bien la sortie !!!!!

Voilà ! Que d'émotion ! C'est à partir du soir seulement que je relativise et que j'apprécie en fait cette plongée... Audrey et Laurent sont ravis et nous sommes tous pressés d'être déjà au lendemain.


la mise à l'eau à Port Pin

le plus dur, c'est de remonter à l'échelle



dimanche 25 novembre 2001

Portage d'un BI 2 x 10 l en acier avec tout le matériel et direction la source du Bestouan en passant par les escaliers, au grand plaisir de Laurent. Il fait beau et même presque chaud.
Juste en face du phare, il y a effectivement un boyau qui s'enfonce. Pas très large d'ailleurs ! Ramper est obligatoire dans ce passage... on a bien du mal de passer la "porte". Sur 20 mètres le boyau court sous Cassis. Au bout, un puits que l'on franchit pieds vers le bas (n'est ce pas Laurent !) et nous amène vers 20 mètres de fond.
On longe la cavité, et là c'est vraiment magnifique, on devine les entrailles de la terre. On aperçoit les différentes couleurs de strates, des stalactites. C'est beau et la grotte continue encore alors on continue aussi. On est avide d'en découvrir toujours plus et toujours le boyau s'enfonce plus profondément.

Ne jamais être trop sur de soi ! Vous en oublieriez le fil d'Ariane et votre guide risquerait de vous faire participer à une danse plutôt étourdissante, afin de vérifier vos talents d'orientation.

Voilà, on fait demi-tour au bout de 30 minutes environ. Pour le retour il suffira de se laisser porter par le courant. A l'approche de la sortie on coupe les lampes C'est superbe ce bleu qui s'approche !!!

comment s'y retrouver dans tous ces trucs qui pendouillent ?

Audrey prête à l'action même plus moyen d'enfiler ses palmes soi-même avec tout ce barda sur le dos ! en pleine préparation


allez, faut y aller c'est le grand saut


L'heure de se quitter arrive, mais on ne se quittera pas avant de céder à la tradition. On se retrouve autour d'un verre pour partager nos émotions et remercier encore toute l'équipe pour les 2 jours extraordinaires qu'ils nous ont fait vivre, leur savoir-faire, leur sympathie et leur rigueur au niveau sécurité.

Texte : Sandrine L. Photos : Laurent et Hervé Chauvez.