prêts à explorer la Havane

On n'avait fait que la traverser de nuit. Maintenant, on y est : La Havane ! On retrouve un peu plus facilement l'hôtel. Dans le Vedado ou le Miramar ? J'arrive toujours pas à avoir la réponse. Mais on le trouve quand même. Il est situé sur le front de mer dans un quartier qui a l'air plutot résidentiel. A signaler une énorme tour qu'on dirait sortie du Mordor du Seigneur des Anneaux, c'est l'ambassade de Russie. Je me disais aussi. Mais il y a mieux à voir vers le vieux Havane. On emprunte le Malecon, l'avenue qui longe le bord de mer. La circulation n'est pas particulièrement dense mais il y a une large variété de véhicules dans des états extrémements variés : voitures japonaises, coréennes, française (grosse cote de la Xsara jaune chez les taxis) et bien sûr les fameuses vieilles américaines... Notre coréenne à nous, on la laisse à coté du musée de la révolution et on se disperse à pied dans la vieille ville.


Que dire de la Havane qui ne soit une avalanche de lieux communs ? Le pire avec les clichés, c'est qu'ils sont souvent vrais ! En tout cas, ce qui frappe par delà la décrépitude, c'est que la ville a connu son heure de gloire sous la coupe de Batista et ses sbires. A l'heure de l'argent roi, elle devait être hallucinante de richesse et d'opulence. Entre villas de marbres blancs, stucs et façades richements décorées, on devait évoluer en plein rêve. On perçoit encore cette magnificience d'où le cachet unique de la ville. Mais le robinet s'est tari et même les immeubles récents font penser au Beyrouth des années 80. Cela dit, l'heure est au pragmatisme : maintenant que Cuba lorgne sur le porte-feuille capitaliste du touriste, on restaure à tour de bras et certaines rues de la vieille ville retrouvent tout leur clinquant.

autrefois magnifiques, maintenant tout pourris


une rue typique Henri sur le Malecon file de voitures bleues

une cage d'ascenceur engageante !

les bus façon la Havane
y a du monde au balcon des écolières à la sortie des écoles



On laisse la voiture à coté du Museo de la Revolucion. Beau batiment qui est l'ancien palais présidentiel et abrite maintenant le musée de la révolution castriste. Sur la place est garé le char SAU-100 (vous vous doutiez en vous levant ce matin que vous alliez apprendre ça aujourd'hui ?) sur lequel patrouillait Castro pendant la bataille de la baie des cochons. Une extension moderne a été construite à l'arrière; elle est entourée de différents missiles, chars d'assaut, avions et autres trucs militaires dangereux. Sa façade est vitrée et à l'intérieur, on distingue une vedette lance-torpilles. Une vedette sur laquelle a bien sûr pris place Castro. En si on construisait au Jaï une maison de verre afin d'exposer l'Anthias, le fier batiment emprunté par Robert, notre patriarche à nous ! On s'enfonce ensuite vite dans les rues étroites jusqu'à découvrir la cathédrale.


Onc' Paul au secours : la Catedral de San Cristobal de La Habana a été dessinée par Francesco Borromini (qui voyait pourtant les choses en grand), construite à partir de 1748 (j'étais pas né) par les Jésuites et terminée en 1787. Avec toutes ces infos, vous allez briller à Question pour un champion ! Pour y rentrer, c'est plus coton, il faudra qu'on revienne le mardi matin pour y arriver et y découvrir la collection de figurines religieuses.
La place de la cathédrale est belle comme tout. Avec un rayon de soleil, le charme suinte entre les pavés. Repère à touriste oblige, il y a de l'animation : musiciens, danseurs et toute une troupe colorée, déguisée et montée sur échasses dont les rabatteuses sont des plus efficaces pour venir vous taxer quelques piécettes. Disons que sous la menace du tambourin, on ne moufte pas !

la cathédrale et ses tours asymétriques      une des poupées de la vierge      Christ sauve un ptit nenfant     



de l'animation devant la cathédrale
jeux d'enfant sur la plaza

Plus loin, autre place, la Plaza Vieja date du XVIeme, elle a été retappée et est jolie comme tout. Le mercredi, elle est envahie par des nuées de mouflets venus jouer là mais on peut aussi s'y arrêter boire un pot sur la terrasse du classieux établissement posé au coin. Les serveuses y sont mignonettes et il y a des faisans en cage à l'intérieur.


jeux d'enfant sur la plaza    jeux d'enfant sur la plaza


les canaux du Castillo Real de la Fuerza

Vous passez le coin et remontez vers la mer et vous découvrez cette fois la Plaza de Armas. Il parait que c'est le siège du pouvoir à Cuba depuis des siècles et des siècles. Enfin, pas avant 1582 parce qu'elle n'existait pas encore ! Au centre, il y a une statue en marbre de Carlos Manuel de Cespedes (nan, je ferais pas de plaisanterie sur le nom de ce grand homme) que je ne me rappelle absolument pas avoir vue ! Faut dire qu'on s'intéresse plutôt au Castillo Real de la Fuerza. Il s'agit du plus ancien fort des Amériques encore debout : construction entre 1558 et 1577. La tour occidentale est surmontée par une girouette de bronze super-connue (mais uniquement par les fans de girouettes en bronze), la Giraldilla coulée en 1632. Ce qui fait vieux pour une girouette en bronze. Enfin, je crois mais je n'y connais rien en girouettes ! Extérieurement, il est pas mal le Castillo et ça donne envie de l'explorer, impression renforcée par la présence dans le hall de 2 armures. Mais ce ne sont que des leurres ! A l'intérieur, on y trouve plutôt une galerie d'arts avec des sculptures et le Museo de la Ceramica Artistica Cubana.


La Plaza San Francisco est un jardinet... euh non, une place. On y trouve une fontaine de marbre blanc ornée de lions. Ca doit être pour ça que les cubains l'ont baptisée la Fuente de los leones et pas la Fuente de los kangouras. D'ailleurs on passera une très bonne soirée sur cette place au cafe El Mercurio ('for business men et travelers'). Comme il pleuvait, on s'y est arrêté pour boire un mojito ou deux et on y a finit à se tapper des frites et manger de la soupe de poissons de Méditerranée (en français dans le texte). Un encas typiquement cubain, quoi ! De l'autre côté de la place, encore un nom à rallonge : l'Iglesia y Monasterio de San Francisco de Asis, une église avec le clocher le plus élevé de tout la Havane maintenant reconvertie en musée à l'entrée duquel on demande un supplément pour les appareils photos et les cameras. 10$ pour introduire sa vidéo, c'est une petite fortune ramené à la monnaie locale ! Imaginez en France que le Louvre (un palais de Paris qui borde la rive droite de la Seine construit à partir de 1204) vous demande 12 000 F pour camescoper la Joconde (toile peinte vers 1503-1506 par Leonard de Vinci (peintre, architecte, sculpteur, ingénieur, héros de BD et savant italien né en 1452 à Florence) !

un schwoual devant l'église San Francisco

Le Museo Nacional de Historia Natural présente une reproduction de crâne de tyranosaure à son entrée mais j'y suis pas entré pour voir si on pouvait trouver le reste du bestiau à l'intérieur. Le Museo del Automovil expose des voitures anciennes (et pas le solex de Fidel ?) et Guy est aux anges. La Casa del Arabe et ses collections d'objets esquimaux ... non arabes avait l'air beau comme tout mais a été sacrifié sur l'autel du 'on ne peut pas tout faire', tout comme les dizaines d'autres musées et expos diverses !


tacot devant capitole

alors dites moi, ça ressemble à Jupiter, ça ?

 

On remonte la Calle Obispo (ouf, on y trouve pas de chanteur chauve) vers le monumental Capitolio Nacional tout entier recouvert de marbre. En 1929, le petit Gerardo Machado, dictateur en place, se dit que le Capitole de Washington en jetait un max et que y avait pas de raison qu'il n'ait pas le même à la maison (encore un gosse pourri gâté, tiens !). Alors tant qu'à faire, il s'en fit construire une copie. A l'échelle 1:1 bien sûr. Avec 3 ans de construction, 5000 ouvriers et 17 millions de dollars (de l'époque !), ça fait cher le caprice. Un escalier monumental à donner le tournis à Eisenstein mène à l'entrée principale et au grand hall de 120 métres de long au centre duquel se trouve une statue de 17m de haut et 49 tonnes. Lonely Planet indique qu'il s'agit d'une représentation de Jupiter. Pas avec ces courbes affolantes ! Il s'agit plutôt de Minerve qui, elle, a bien tout ce qu'il faut là où il faut. En plus, notre Minerve (alias Athena) est la déesse de la sagesse, amie des chouettes et protectrice des villes. Donc ça se tiendrait assez ! A part ptete les chouettes. Bref, Minerve ou pas, il parait que c'est la 3ème plus grande statue sous plafond du monde après le Bouddha et Abraham Lincoln. La coupole pointe à 62 mètres de hauteur et on trouve à sa verticale la copie d'un diamant de 24 carats représentant le point de référence de calcul des distances routières. La copie d'un diamant de 24 carats ? Bah, quitte à mettre de la verroterie, z'auraient pu mettre la copie d'un diamant de 324 carats. Ca coûte pas plus cher ! Ceux qui n'ont pas à voler de photos, ce sont les photographes au pied des marches. Difficile de faire plus pittoresque que ces appareils antédiluviens devant lesquels se bousculent les touristes. Le résultat est hyper artisanal mais forcément dégage un charme fou ! Prendre en photo au numérique des photographes au dinosaure prenant des photos des touristes au numérique... Ca y est, j'ai la tête qui tourne !

le capitole dans toute sa splendeur marbrée   ça c'est de l'appareil photo !   le résultat sur les Bayol


Juste à côté, le Gran Teatro de la Habana subit la rude concurrence du Payret un cinéma qui connait une énorme affluence. Tiens, c'est quoi qui se joue ? Asterix et Obélix : Mission Cléôpatre ! Naaaaaaan. A 2 dollars la place, c'est moins cher que Plan de Campagne ! Z'allez me dire : 'oui, mais encore faut il y aller'. Bin oui. De l'autre côté du Capitolio, le Parque de la Fraternidad possède en son centre un énorme fromager entouré de grilles. Parait qu'il est planté dans un mélange de terre venue de tous les pays d'Amérique. Même d'Alaska ?


la fabrique de cigare

On se fend d'une visite à la Real Fabrica de Tabacos Paratagas, une des deux fabriques de cigares de la Havane. 10$ l'entrée et on doit laisser sacs, appareils photo, caméras au vestiaire. Mais bon, c'est un point de passage obligé alors voyons cela. A l'entrée, on attend le départ de la visite en français et c'est parti pour une demi-heure. C'est court vu le prix d'entrée mais ce n'est pas inintéressant. On comprend cependant pourquoi on nous propose à tous les coins de rue d'acheter en douce des cigares. Les employés de l'usine recoivent en plus de leur salaire 2 cigares par jour. De quoi alimenter le marché noir ! Bien sûr, ce ne sont pas les cigares les plus renommés et même plutôt les rebus qu'on va essayer de vous refourguer. Allez, je ne vous en raconte pas plus ! Nous a dû payer 10$, il n'y a pas de raison qu'on vous raconte tout gratos quand même !


taxi devant le monument José Marti

Derrière, c'est le quartier chinois. Tout petit le quartier chinois. Ce qui est vachement grand par contre, c'est la Plaza de la revolucion. La plaza la plus célèbre de tout la Havane est dominée par le monument José Marti, sa statue de 17m et sa tour de 129m. On y trouve le comité central du parti (là où Fidel a ses bureaux) et la célèbre façade du Ministère de l'intérieur.

la tête au Che sur la façade du ministère de l'intérieur      la statue de Marti surplombe la place



Façade sur laquelle la tête du Che nous dit 'Hasta la victoria siempre'. Une belle citation, mais à laquelle je préfére son 'soyons réaliste, demandons l'impossible' ou alors celle qu'on connait moins bien 'c'est vachement bon les TUCs !'. Ces multiples panneaux avec des citations des grands hommes de la revolucion sont indispensables au folklore de l'île. Avec Guy, on se jette sur le moindre bout de slogan. 'Vers la victoire, toujours !', 'la jeunesse est l'argile de notre révolution', 'ou je comprends qu'dalle aux Cubains ou alors y sont drolement courageux'. Mais José Marti, notre fameux poète, les enterre tous avec 'deviendra immortel celui qui le mérite'. Ca m'arrangerais bien d'être immortel, comment faire pour le mériter ? Mais je reconnais être surpris. Autant Cienfuegos (un barbu) et le Che (un barbu) apparaissent à tous les coins de rue autant on n'aperçoit pas le moindre Fidel (un barbu). On est loin du culte de la personnalité stalinien ! Sur les panneaux où on cite ses mots il n'y a ni photo, ni dessin. Au moins il a pas la grosse tête ! Mais on sent la ferveur du peuple. Dans le hall de l'hôtel, des petites mains ont fabriqué sa silhouette de barbu avec des trading cards de joueurs de base ball américain. Mais c'est qu'on l'aime son Fidelinounet ! Du moins, c'est ce qu'on dit ou qu'on ne dit pas, le Cubain s'étant fait une spécialité d'esquiver toute question politique. Un signe d'épanouissement citoyen ? Mmmmmmm. Question suivante ?


Messieurs les capitalistes, on a pas peur de vous ! Guy au secours, j'ai pas la traduction ! vers la victoire, toujours ! la jeunesse est le fondement de notre révolution


Ce qui frappe c'est l'incroyable variété de la population. Cuba s'est constitué au fur et à mesure de migrations : espagnols, français, esclaves africains, chinois, hollandais et j'en passe. Toutes les couleurs se sont croisées depuis des générations. Découvrir une classe d'écoliers avec leur petit uniforme est impressionnant : on passe du noir au jaune avec toutes les variations de couleurs. Tiens, y a même des rouquines !


une classe en plein cours sur le chemin de l'école la ptite vieille au cigare

une omniprésence de la police

Globalement, les gens sont gentils et sympas même s'ils ont déjà compris la manne financière que représente le touriste. Pour la délinquance ou la prostitution, la police est omniprésente. Après, c'est comme partout aussi, si vous allez vous perdre dans des endroits louches, faut s'attendre à rencontrer des gens louches !

A propos d'endroits louches, je ne voudrais pas oublier l'aquarium national de Cuba situé pas très loin de notre hôtel et où je me suis fait arnaquer sur le prix d'entrée par un des gardiens. De toute façon, ne vous laissez pas avoir par l'aspect extérieur et une retouche de peinture, oubliez l'aquarium national de Cuba. Vu l'état général d'abandon (la peinture semble neuve mais se détache par plaques) et ce qu'il y a à y voir, il est plutôt conseillé d'aller directement à la mer.


Ou à la piscine naturelle de l'hôtel. Ce dernier étant en bord de mer, on a coulé du béton pour isoler l'espace équivalent à une grande piscine. Ca devait être super il y a 20 ans mais le temps, implacable, a fait son oeuvre. Il y a aussi une véritable piscine à l'hôtel. Des tabourets permettaient même d'accéder à la buvette sans sortir de l'eau. Bin oui, mais c'était il y a longtemps. Aujourd'hui, la piscine est vide et au milieu d'une nécessaire restauration. Pour se consoler, la veille de notre départ, on dîne dans un paladar dans le Miramar : le Paladar Vistamar et vous savez quoi ? on se régale à se faire exploser la tuyauterie ! Mucho bueno ! Une dernière marche digestive dans la chaleur de la nuit et on se couche une dernière fois sur le sol cubain.

l'entrée de notre hôtel